TL;DR : un magazine en live, deux emo kids qui écrivent des bouquins, un peu de podcast et des anecdotes de bouffe en voyage. En gros.
Je profite de mon heure de train coupée en deux par mon rendez-vous psy en présentiel pour avancer sur ce courrier.
J’ai une note de GSM longue comme un bras de député-basketteur avec plein de choses à vous partager. Je garde le chapitre UK pour une prochaine fois (on est rentré y a pas une semaine, on a creusé notre dette avec le sommeil et avec la banque et on ne sait plus dans quel sens prendre les ronds-points, mais vraiment c’était cool !)
Se raconter des histoires
Faut que je commence par vous parler du Live Magazine. C’était pas prévu, c’était pas dans la liste, mais c’est comme ça. C’est ça la vie.
En fait c’est faux ; ça fait plusieurs années que c’est dans la liste. Que je me dis « faut vraiment que j’y aille ça a l’air super ». Et puis entre la flemme du moment et pas le temps, je n’y vais pas. C’est ça ma vie.
Bon bah c’est finalement chose faite depuis hier soir et c’était super ! Je vous conseille vivement d’aller vous vivre une soirée comme ça.
C’est un journal vivant, sur scène et comme un journal papier, on ne connaît pas son contenu avant de l’acheter. On sait juste que la rédactrice en cheffe (Ariane Papeians) a regroupé des professionnel·les du récit — journalistes, reporters, auteurices, réalisatrices… — à venir partager une histoire vraie qui les obsède depuis plusieurs années. C’est sincère, rythmé, varié, touchant, choquant aussi parfois et en tout cas toujours hyper intéressant. J’ai appris des trucs et je n’ai qu’une hâte c’est d’y retourner !
Il y avait pas mal d’histoires qui ont fait écho à des petites choses pas toujours bien rangées dans ma tête.
Comme par exemple, la photographe Pauline Rousseau qui a présenté son projet HOMONYMA — Mais qui est vraiment Pauline Rousseau ?
Que se passe-t-il lorsqu’un anthroponyme (prénom + nom) est largement partagé ? Comme une quête de soi à travers les autres, il questionne le nom, l’identité, la mise en scène de soi, l’intime, la magie, la sororité et la possibilité d’élever et de performer son propre nom.
Ça me rappelle un de mes nombreux « projets » jamais faits. Dans un dispositif toujours semblable (genre autour de la table de la salle à manger) un enfant fait face à l’un de ses parents (ou les deux) et pose toujours les 3 mêmes questions :
- Qui/quand/comment/pourquoi on lui a donné ce prénom ?
- Est-ce qu’en faisant ce choix ses parents imaginaient qu’iel aurait certains traits de caractère ou physique, un certain « destin » ?
- Entre ces projections et la réalité, qu’ont-iels observé (ressemblance/différences), etc.
Ça, c’est le point de départ, puis on laisse les choses se passer, la conversation se faire.
(J’ai dit que c’était une idée, pas une bonne idée)
Peut-être un jour, quand j me ferai vraiment trop chier je mettrai ça en œuvre.
Hier soir il y avait aussi Pauline Horovitz (tiens une autre Pauline) une réalisatrice de courts films documentaires dont le nouveau sujet de prédilection est son père.
Son passage était drôle et attendrissant et une phrase en particulier s’est imprégnée :
Quand il rit c’est bref et inattendu, quand il se met en colère ça l’est tout autant.
Elle a un phrasé très distinctif qu’on retrouve au fil de son œuvre, comme les membres de sa famille de ce que je comprends dans cette capsule France Culture d’il y a plus de 10 ans.
Moi c’est sûr que j’aurai jamais envie de filmer mon père, mais ma mère, peut-être. Ce serait l’occasion de vraiment se rencontrer, avec la pudeur d’une caméra entre nous qui servirait surtout de traductrice.
Bon, ça voudrait dire passer plus de 4 h d’affilée ensemble, je ne sais pas si nos systèmes nerveux respectifs en sont capables.
Je me suis dit que par contre qu’il faudrait VRAIMENT que je filme ma grand-mère. Pas pour en faire un film qui va au cinéma tout ça tout ça… Juste parce que j’ai besoin d’archiver des trucs et bientôt il sera trop tard pour archiver ma grand-mère. Ce sera pas la vie, ce sera la mort et ça c’est pas hyper bonne ambi. Je pense que tout le film se déroulerait dans sa petite cuisine exiguë, refuge du boucan de la télé où elle a aiguisé mes papilles et mon addiction au café dès le plus jeune âge. C’est là qu’on s’entasse quand on veut parler des vraies choses. Il faut vraiment vraiment que j’y aille.
Et puisqu’on parle des goûts, la scène de Bozar a aussi accueilli le récit du gastronome-globe-trotteur Jean-François Mallet. Il décrit avec précision des plats qu’il a mangés dans différentes contrées asiatiques. J’arrive à les goûter (peut-être grâce au jeu qu’on faisait avec ma grand-mère de retrouver les épices en les sentant et en les goûtant ; sûrement parce qu’il raconte avec passion). Pendant qu’il laisse sa place à l’intervenante suivante dans un balai accompagné par la musique des garçons (merci Hugo pour la place ❤️) je me suis dit :
C’est beau, moi quand je voyage c’est vrai que je pense souvent à la bouffe, aux trucs incroyables que je vais découvrir. Mais au final c’est souvent un fiasco. Je dois mal m’y prendre. J’ai été déçue des pizzas en Italie, probablement parce que j’étais à Florence dans une ville bondée de touristes sous 42°. Rien de grave, mais clairement des attentes frustrées.
Fallait plus me parler de riz ni de quoi que ce soit à la coco après 3 semaines entre le Cambodge et la Thaïlande. Mais là aussi j’ai sacrément déconné. Étant déjà végétarienne depuis plusieurs années au moment du voyage, j’ai galéré les premiers jours. On pourrait croire que, mais comme on est parties avec nos sacs à dos dans la pampa, souvent les options pour manger c’est pas d’option. Y a une dame en bord de route avec deux casseroles : une de riz blanc et une de trucs en sauce dont des bouts d’animaux. Alors au début j’ai fait avec le riz blanc, mais mes co-voyageuses trouvaient que je tenais de moins en moins la cadence et qu’il était temps d’arrêter de faire la fine bouche. Bon. Juste après Khlong Yai Border Checkpoint je prends une rasade des deux casseroles. Le riz blanc est accompagné d’une carcasse de poulet en petits morceaux au curry (ou une préparation à peu près semblable).
Est-ce que c’était bon ? Non. Est-ce que c’était dégueulasse ? Non plus. Est-ce que je me suis pété une dent à la première bouchée ? Bien sûr ! Voilà, s’il restait un doute, j’aime pas la viande et elle ne m’aime pas non plus. Passons. (Ça m’a surtout fait marrer en fait). L’autre repas de bord de route qui m’a marqué c’est un doggy bag qu’on s’est emporté juste avant 12 h de car pour rejoindre Siem Reap. Midi arrive, on ouvre nos petites boîtes, on commence à manger et là je ne reconnais pas du tout le goût de ce que je mange (et j’aime pas de ouf). Je demande alors à Marie ce que c’est parce qu’elle a l’air de kiffer. « C’est des tripes » qu’elle me répond la bouche pleine d’un grand sourire. Bah c’est super. Je finis mon plat avec des larmes qui me dégueulent des yeux, parce que j’ai vu trop de gamins crever de faim dans la rue pour chipoter et jeter mon dîner. C’est ça moi mes grands souvenirs de bouffe en voyage. Pas certaine que ça ferait un best-seller 😂
(Je pose un disclaimer quand même : pas besoin de taper 9000 Km pour bouffer des trucs dégelasse, on a vraiment de quoi faire ici)
Bon voilà, je ne vous ai pas parlé des UK, mais je vous ai quand même parlé de voyage.
C’est déjà hyper long et je n’ai même pas commencé ma liste. Sorraaay.
Bien sûr que les poissons ont froid
Ça, c’était pas sur la liste non plus, mais ça m’a trop chamboulé pour pas que j’en dise un mot. J’ai fini le roman de Fanny Ruwet. C’est vrai que ces temps-ci, ça tient de l’événement que je finisse un bouquin, mais c’est pas le sujet. Je ne veux absolument rien dévoiler de l’intrigue parce qu’il faut que vous vous le procuriez et que vous rejoignez la déprime estivale à la recherche de Nour.
(P.114) J’ai toujours aimé la fiction. J’ai dû passer des heures à lire, à regarder des séries, à greffer les héros à ma vie comme s’ils étaient des amis plutôt que des personnages inventés […] Ces histoires m’ont très souvent rendue triste, tant elles étaient éloignées de la vie réelle. Beaucoup se plaignent des modèles amoureux invraisemblables qu’offrent les romans et les films, mais je trouve qu’ils donnent surtout des attentes folles en matière de cerveau : les personnages de fiction sont plus intéressants que les vraies gens, et trois phrases d’un film sont plus inspirantes qu’une semaine entière de conversation avec le commun des mortels.
Ma lune en scorpion a dit « can relate » à toutes les pages. On a les mêmes refs. Les mêmes antideps. Et on fait partie de la première génération d’ados qui ont pu trouver refuge sur internet sur de Skyblogs, forums, MySpace où d’autres partageaient nos inclinations musicales autrement moquées et notre sensibilité aux détails de l’existence. (On n’est sans doute pas encore guéries, mais on se soigne.)
Sous le losange vert
Ce qui était super pour s’inventer une vie aussi c’était les Sims. Fanny Ruwet y fait à un moment allusion et y’a tout un chapitre là-dessus dans Les heures défuntes d’Alice Butterlin, une autre emo kid qui sort son premier livre dans la toute nouvelle maison d’édition Le Gospel.
(P.28) Les règles du jeu ressemblent à celles qui régissent nos vies, si nos besoins étaient des jauges à remplir manuellement et la tristesse un curseur aussi malléable que celui de la faim […] Seuls aux manettes de ces simulations de vies, accélérées, ralenties ou même mises en pause, on passe des heures à peaufiner des existences parallèles à l’âge où la nôtre nous échappe totalement.
C’est également une recommandation, vous commencez à comprendre le concept.
Et ça fait rebondir mes neurones sur un podcast Arte Radio découvert par le plus grand des hasards : Profils. Et il y a un épisode sur une mamy accro aux Sims ❤️. Elle est hyper cute ! (Écoutez aussi celui sur la sténo, il est vraiment super).
Allez, je repars pas dans une outro de 4 h, maintenant je vous laisse tranquille.
Sachez quand même que j’ai fini pas descendre du train.
Fistbump, bruitage d’explosion 💣 Ciao bye-bye.