Si vous me suiviez déjà sur Ko-fi, ceci est un traduction d’un article d’il y’a quelques mois (avec une mini update)
Disclaimer #1 : Who? 🦉 Ce que nous appelerons un fantôme aujourd'hui prend ses racines dans les mythes et les croyances de cultures anciennes et varie selon les régions du monde. Les fantômes étaient et sont parfois encore considérés comme l'esprit d'une personne qui existe après la fin du corps. C'est en raison de ces croyances que les rituels funéraires ont d'abord eu lieu et ont été pratiqués comme un protocole de passage vers l'autre monde, une façon de dire au revoir et d'empêcher l'esprit de rester sur Terre et de “hanter” les vivants. Et puisque l’humain se sent parfois hanté justement, en présence d’un esprit qu’on ressent, ou voit, entend, se risquerait-on a dire qu’iels existent ?
En résumé, il y a eu un être humain qui est mort et dont il reste quelque chose parmi les vivants. Aucun démon, fée ou autre entité du royaume de l'invisible ne sera répertorié ici, c'est un sujet déjà assez vaste.
Disclaimer #2 : Il est évident que les ghosteurs aussi sont disqualifiés car comme le rappelle Marine Sergent (allez la voir sur scène!), il y’a erreur sur la marchandise.
Disclaimer #3 : Ok donc, pour cette curation un peu spéciale, il était impossible de choisir une œuvre par catégorie. Elle sera donc très clairement non exhaustive. N'hésitez pas à me faire part de vos suggestions dans les commentaires/par retour de mail. J'aimerais beaucoup les découvrir :)
REGARDER: une petites sélection de longs et courts métrages
De Poltergeist au plus récent Last Night In Soho, les fantômes sont partout et pas seulement dans les films d'épouvante. Je dois quand même avouer que ceux qui m'ont le plus effrayé viennent des productions de J-horror (vous savez : “the Ring”, “the grudge”, “dark water”) avec Kiyoshi Kurosawa comme parrain avec son film “Kairo” ; même s'ils sont disqualifiés pour ne pas avoir porté de drap de lit 👻.
C'est pourquoi ma principale recommandation sera (et vous le voyez venir bien sûr) *roulement de tambour* A GHOST STORY de David Lowery et produit par A24. J'aime presque tout dans ce film, des petites idées à la cinématographie, en passant par l'histoire et ses thèmes... Ils ont également fait preuve d'une incroyable ingéniosité lors de la promotion. Pendant six semaines, dans l'arrière-boutique d'un petit magasin de New York, derrière un rideau sur lequel on peut lire “check out the other side”, quelqu'un peut vous recouvre d’un drap de la tête aux pieds. Et c'est ainsi que vous devenez un fantôme sur le point de vivre le temps d'une manière différente. (Suivez le guide pour en savoir plus sur cette expérience à 360° qu'est “a ghost store”) Mais surtout, regardez ce film, et lisez éventuellement ce que Lowery a à dire sur le making of.
(Avant de passer à la sous-section suivante, je décerne un prix à cette scène de Conjuring *clapclapclap* 🏆).
Vous pouvez également trouver de grandes œuvres sur l'internet (et je ne parle pas des habituels Netflix, Prime, etc). Il y a de grand·es cinéastes qui font des films de fiction dans les interstices de YouTube par exemple. Quant aux fantômes, il suffit de savoir où chercher. Celui-ci est de la réalisatrice Éléonore Costes et m'a beaucoup ému lors de sa sortie à la toute fin de l'année 2020. “Fantasme” est un conte doux amer de 50min que je vous encourage à regarder. D’autant que le casting est composé d’Audrey Pirault, Sébastien Chassagne et Adrien Ménielle 💜.
Même dans des domaines spécifiques comme les-vidéos-musicales-avec-des-fantômes, il y a trop d'options. Je choisis celle-ci parce qu'elle est tragicomique, mauve, réalisée par Diren Agbaba sur un excellent morceau de High Hi, et parce que yip yip Belgium !
(Point bonus accordé à la chorale de fantômes trop choupi dans “Frontier Psychatrist” de The Avalanches.)
LIRE: impossible de choisir
Des premières novellas surnaturels victoriens comme “A phantom lover” de Vernon Lee (alias Violet Paget) en 1890, aux “Hauts de Hurlevent” d'Emily Brontë, dernière œuvre majeure du romantisme européen en littérature (1847), en passant par le père d'Hamlet dans la pièce de Shakespear (1602), les fantômes sont partout dans nos livres et c'est peut-être ici que ça a été le plus compliqué.
Dans des travaux plus récents, nous avons:
Les fantômes de l'hôtel dans “The Shining” de Stephen King (1947) - tout comme pour Brontë, au vu des paysages dans lesquels l'histoire se déroule et de la violence en jeu, les fantômes font nécessairement partie du décor.
Clara dans “La casa de los espíritus” (La maison des esprits), roman d'Isabel Allend (1982). En grandissant, elle développe ses capacités et peut même communiquer avec les fantômes et les esprits, jusqu'à devenir elle-même un esprit visiteur. L'histoire, qui s'étend sur quatre générations, retrace les bouleversements sociaux et politiques post-coloniaux du Chili.
Mon premier choix (même s'il est perdu parmi toutes les autres propositions et que, pour être honnête, ce n'est pas l'histoire la plus fantomatique qui soit) : “Moi, Tituba, sorcière noire de Salem” de Maryse Condé (1986). Je ne suis pas sûre d'être capable de rendre justice ou même de dire quelque chose de pertinent, étant laissée sans voix (et triste) après l'avoir lu. Et ça fait des années. Peut-être qu’on y reviendra un jour plus en détail, si je fais un focus spécial sur les sorcières par exemple. (C’est pas du tout du teasing, juste je réfléchis tout haut.)
Celui-ci découle d'un tragique événement bien réel et a été écrit par Toni Morrison (1987). Situé après la guerre civile américaine, “Belove” raconte l'histoire d'une famille d'anciens esclaves dont la maison de Cincinnati est hantée par un esprit malveillant qui pourrait être le fantôme de la fille aînée de Sethe.
Un conte classique d’une réalité métaphysique où l'on croise inévitablement des fantômes. Je parle bien sûr de “Kafka sur le rivage” du grand Haruki Murakami (2002).
“Hades, Argentina” de Daniel Loedel (2021) est une ode sensible et brutale aux êtres perdus, qui convoque la nature complexe de la culpabilité. C'est une odyssée dans le passé argentin du narrateur, une rencontre avec les fantômes qui y rôdent et une confrontation avec l'écart fatal entre ce qu'il est devenu et celui qu'il aspirait à être.
Voilà, ça fait déjà 9 livres et je suis sure que ta·on libraire sera de bon conseille s’il t’en faut plus.
Bonus encore: Le magazine Cercle (conversations & images) consacre son 8e numéro thématique aux fantômes. Si vous mettez toustes 50cents, vous pouvez me l’offrir (frais de port compris). Franchement, je pense qu’après ce pavé de refs, j’y ai bien droit. J’aime bien les beaux magazines et les cadeaux offerts de bon cœur ^^.
ÉCOUTER: une playlist avec des fantômes à l'intérieur
Alors... pour la partie musicale, j'ai décidé de faire une playlist (avec l'aide de quelques douces âmes ). Les fantômes sont dans le titre, dans les paroles, ou même parfois cachés dans notre interprétation.
On s’est même cassé la tête à faire une belle photo pour la cover.
Dernier bonus et plus le courage à ce stade de rajouter du contexte: The Ghosts of St. George Church, Lukova (CZ)
Mini promo quand même: nouvel épisode de “Amour, Gloire & Chips” demain, avec toujours une invité de qualité qualitative qui a même été danseuse au Carnaval de Rio. (Il faudra attendre décembre pour les histoires de fantômes… Et là ça tease ou quoi? Oui.)
Allez, ciao bye-bye les gens.